Le cidre du perche

Si la culture du pommier est très ancienne en Normandie, c’est vers le 16e siècle que les vergers se sont développés au sein des domaines religieux ou nobles, pour couvrir une grande partie de la campagne percheronne aux 17e et 18e siècles.

On cultivait essentiellement des pommes à cidre, boisson devenue populaire et produite dans quasiment toutes les fermes du Perche.

Au 19e siècle, l’agriculture percheronne s’est spécialisée progressivement dans l’élevage bovin et équin, tout en maintenant la production cidricole. Les champs de culture complantés de pommiers étaient une des spécificités du Perche. Les pommiers et le cheval percheron sont ainsi devenus des marqueurs identitaires de ce territoire.

Au cours de la première moitié du 20e, le cidre du Perche était élaboré dans chaque ferme ainsi que dans des cidreries spécialisées implantées dans toute la province. Le chemin de fer a permis un acheminement de pommes ou de cidre à Paris, participant ainsi à la renommée du Perche.

A la fin du 19e et au début du 20e siècle, les frères Rotrou installés au lieu-dit « Le Perrier » à Dorceau créèrent et firent prospérer un domaine cidricole qui exporta partout sur la planète, de l’Australie au Chili et jusque sur la table des tsars de Russie. Des précurseurs sans aucun doute…

L’économie cidricole fut florissante, les vergers couvraient l’ensemble du territoire percheron. Jusqu’au milieu du 20e siècle, une bonne année de pommes payait deux années de fermage.

Mais à partir des années 1950, la fermeture de cidreries industrielles, la mécanisation du matériel agricole et l’intensification de l’agriculture ont pratiquement fait disparaître les pommiers des herbages et des labours du Perche. L’importante diminution de la consommation de cidre et l’arrêt de la production d’alcool d’Etat ont également participé à ce déclin.

Il a fallu attendre la fin des années 1980, pour que quelques producteurs fermiers se spécialisent dans la production cidricole et permettent la relance de la filière cidricole du Perche.

Ces producteurs mobilisent les savoir-faire traditionnels cidricoles du Perche tels que la récolte des fruits à maturité, la mise en œuvre de variétés tardives ou encore les fermentations spontanées et lentes et la prise de mousse naturelle en bouteille.